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La Bourgogne, de Dijon à Tournus

26 septembre au 6 octobre 2014

Réal dans le vignoble bourguignon

Après les bulles de Champagne, nous entrons en Bourgogne, un haut-lieu de la viticulture française avec ses 101 Appellations d'origine contrôlées (AOC) et, distinction suprême, 33 Appellations Grands Crus. La Bourgogne compte cinq régions de production : Chablis, Côte de Nuits, Côtes de Beaune, Côte chalonnaise et Mâconnais. Elle produit en moyenne 200 millions de bouteilles par an dont près de la moitié partent pour l'exportation : 60% de vins blancs, 32% de vins rouges et 8% de crémant de Bourgogne. Deux cépages principaux, le chardonnay (56%) et le pinot noir (31%) constituent le vignoble bourguignon qui représente en superficie 3% du vignoble français.

L'Abbaye de Fontenay

Mais, comme il se doit, avant d'explorer les vignes bourguignonnes, un arrêt s'impose à l'Abbaye de Fontenay. Cachée au milieu d'un vallon verdoyant, on dit de cette abbaye qu'elle donne une vision exacte de ce qu'était un monastère cistercien vivant en complète autonomie.

Dénudée mais imposante, la nef de l'église abbatiale de Fontenay érigée en 1147

Magnifiquement restaurée, l'abbaye de Fontenay est un chef-d'oeuvre d'art roman. Fondée par Saint-Bernard en 1118, elle connut une grande prospérité jusqu'au 16e siècle comptant plus de 300 moines. Puis, ce furent les guerres de religion et la piètre administration des abbés nommés par faveur royale qui engendrèrent sa décadence. En 1791, les révolutionnaires chassèrent les moines et transformèrent les bâtiments en papeterie! Ce n'est qu'en 1906 que de nouveaux propriétaires entreprirent de restituer à Fontenay son aspect initial ce qui lui valut en 1981 son classement au Patrimoine mondial par l'Unesco.

Notre-Dame-de-Fontenay
L'église abbatiale, édifiée en 1147, est saisissante de simplicité et de grandeur à la fois. Ici, pas de sculpture élaborée ou tableaux qui pourraient distraire le moine de sa prière.

Seuls la décorent une statue de Notre-Dame de Fontenay (fin 13e s.) dans le transept ainsi que des tombes (14e s.) et un retable en pierre (13e s.) dans le choeur. Sa sobriété en impose!


Petite pause au cloître de Fontenay
Le dortoir des moines est annexé à l'église pour faciliter la célébration des offices la nuit. Il impressionne par sa puissante charpente de chêne en forme de coque de bateau renversée. Ici non plus, pas de décoration, ni d'ameublement, les moines dormaient sur des paillasses à même le sol.

Quant au cloître, à la fois robuste et élégant, il incite, comme il se doit, au calme et à la réflexion.

Adjacents à l'abbaye, d'autres bâtiments témoignent du travail des moines : la salle des copies, la bibliothèque, le jardin, la boulangerie, la cuisine, l'accueil des pèlerins et la forge. Cette dernière, qui date du 13e siècle, longe un canal utilisé pour actionner les roues du moulin et du martinet, un grand marteau hydraulique, une innovation technologique majeure que les cisterciens ont adopté très tôt pour forger le fer en quantité industrielle. Reconstitué en 2008, avec sa roue à aube qui tourne toujours, ce marteau est le plus ancien du genre. Fontenay, vraiment une très belle visite, un site superbe qui mérite largement ses trois étoiles au Michelin.

Le Palais des ducs de Bourgogne sur la Place de la Libération

Dijon, capitale de la Bourgogne, est bien sûr célèbre pour sa moutarde, mais il y a beaucoup plus que ça à Dijon! Le Palais des ducs de Bourgogne, dominé par la Tour Philippe-le-Bon, est sans contredit le monument le plus imposant de la ville. Il abrite aujourd'hui l'Hôtel de ville et le Musée des Beaux-Arts.

Juste en face, la vaste Place de la Libération, entièrement piétonne, offre un beau coup d'oeil sur le Palais, tout beau, tout propre, vraisemblablement récemment nettoyé et elle incite à une pause café ensoleillée sur l'une de ses terrasses. Quelle belle entrée en matière à Dijon!

Des tuiles vernissées pour les résidences de prestige
Ce qui fait aussi la renommée de Dijon, ce sont ses superbes toits de tuiles polychromes vernissées. Symbole de prestige, elles apparurent au 13e s. sur les cathédrales puis sur les résidences princières.

La mode passa mais revint aux 16e et 17e s., lorsque les nobles et les parlementaires couvrirent le toit de leurs hôtels de riches parures.


Cathédrale St-Benigne de Dijon
La cathédrale St-Bénigne (encore un nouveau saint!) est, par comparaison, beaucoup plus sobre et massive même si elle est qualifiée de «gothique». 

Dépourvue de ses œuvres d'art à la Révolution, elle accueille aujourd'hui des sculptures et des pierres tombales provenant d'autres églises de Dijon.

Église Notre-Dame

L'Église Notre-Dame (1230-1250) est beaucoup plus imposante. Sa façade monumentale à trois baies est surmontée de deux galeries soulignées par trois rangées de gargouilles et deux élégantes tourelles.

À l'intérieur, l'ensemble est harmonieux et finement sculpté. Une chapelle abrite la statue de Notre-Dame de Bon-Espoir. Cette vierge du 11e s. est l'une des plus anciennes statues de vierge en bois de France et elle est particulièrement vénérée parce que le 11 septembre 1513, Dijon, assiégé par les Suisses, fit appel en désespoir de cause à la Vierge par la procession de la statue. Le surlendemain, le siège fut levé. Quelque 400 ans plus tard, toujours un 11 septembre, en 1944, Dijon fut libéré sans dommage de l'occupation allemande. Une tapisserie, exécutée aux Gobelins et évoquant les deux libérations de la ville fut offerte à la Vierge en ex-voto; elle est suspendue dans l'Église Notre-Dame. Le 11 septembre reste un jour de commémoration important à Dijon.

Le fameux jacquemart de Notre-Dame de Dijon
Une autre singularité de l'église, c'est son jacquemart, l'horloge qui orne sa tour de droite et sa figurine qui frappe une cloche pour marquer le temps. Ce jacquemart a une jolie histoire... Prise de guerre de Philippe Hardi en 1382 à Courtai (Flandres), ce dernier installe l'horloge sur la tour de l'église. Mais, au fil des ans, les dijonnais s'apitoient sur le célibat du pauvre homme et, en 1651, on lui adjoint finalement une compagne pour marquer le temps. En 1714, malgré le fait que les braves époux aient fait le vœu de chasteté, nait un fils, Jacquelinet, dont le marteau frappe la dindelle, puis en 1884, une fille, Jacquelinette, qui sonne aussi les quarts d'heure!

Quant à la moutarde, c'est vrai qu'on en retrouve une infinie de variété à Dijon : au cassis, au miel, aux herbes, aux mirabelles, à l'amande, au poivre vert (aye, ça c'est fort!), au vin blanc, aux échalotes etc. Elles sont toutes offertes à la dégustation mais disons que c'est plus exigeant pour les papilles que de déguster du vin! Mais la gastronomie à Dijon ne se limite pas à la moutarde! Il s'y tient chaque année une Foire internationale et gastronomique et c'est sur le campus de Dijon que le Centre européen des «sciences du goût» a élu domicile. Une nouvelle science bientôt sur nos campus, la science du goût, pourquoi pas ?

«Si Dijon reste la capitale administrative et régionale de la Bourgogne, Beaune en est la capitale viticole. C'est à Beaune qu'on retrouve les prestigieuses maisons de négociants. Au cœur du vignoble bourguignon, Beaune est aussi une incomparable ville d'art. Son splendide Hôtel-Dieu, sa collégiale Notre-Dame et sa ceinture de remparts, dont les bastions abritent les caves les plus connues de Bourgogne, constituent l'un des plus beaux ensembles de la région.»

Avec au nord, les vignobles de la Côte de Nuits et au sud, ceux de la Côte de Beaune, et en plus la ville de Beaune, elle même magnifique, nous avons eu du pain sur la planche à Beaune! Alternant balades à moto et découverte de la ville, nous avons fait une belle halte de 5 jours dans cette région.

La Cour d'honneur de l'Hôtel-Dieu de Beaune

L'édifice le plus prestigieux de la ville, et c'est bien mérité, est le fameux Hôtel-Dieu, un hôpital fondé en 1443 par le chancelier de Philippe-le-Bon, Nicolas Rolin, pour accueillir les malades de toutes conditions; riches ou pauvres, tous étaient soignés ici gratuitement. La fortune de Nicolas Rolin lui permit la construction de l'hôpital puis, par la suite, les donations lui permirent de la faire vivre. D'ailleurs, l'Hôtel-Dieu a accueilli des malades jusqu'en 1971!

La Salle des Pôvres
L'édifice lui-même est magnifique avec ses toits de tuiles vernissées et sa cour d'honneur. L'immense salle des malades, la «salle des pôvres», avec ses 28 lits à colonnes bien alignés de chaque côté de la salle, de grandes et hautes fenêtres (pour éliminer les maladies qui flottaient dans l'air), un plafond en voûte sculpté, une chapelle adjacente qui permettait aux malades de suivre la messe depuis leurs lits, la pharmacie, la cuisine, toutes les pièces furent admirablement bien restaurées en 1875.

Le polyptyque du Jugement dernier date de 1448
Outre le mobilier, les instruments médicaux (plutôt basiques à l'époque) et pharmaceutiques, on peut observer de belles tapisseries qui décoraient les murs ainsi que l'exceptionnel polyptyque du Jugement dernier réalisé en 1448 qui était placé autrefois au-dessus de l'hôtel. Le jugement dernier, choix judicieux comme thème pour un hôpital, n'est-ce-pas? Une fois refermé, le polyptyque affichait des peintures représentant Nicolas Rolin et son épouse, Guigone de Salins, question de rappeler aux malades qui étaient leurs bienfaiteurs... D'ailleurs Nicolas Rolin ne s'en cachait pas, la construction de cet hôpital visait à assurer son salut.

On l'a dit, l'Hôtel-Dieu a été financé au cours des ans, outre par la fortune du chancelier Rolin, par des donations de nobles ou du roi, eux aussi préoccupés par leur salut... Ainsi, l'Hôtel-Dieu s'est enrichi non seulement monétairement mais aussi de terres et de vignobles. Aujourd'hui, les vins des Hospices de Beaune, comme on les appelle, sont parmi les plus réputés et les plus chers. Une fois l'an, en novembre, une grande vente aux enchères est organisée sous la halle médiévale. Le produit de ce qu'on a appelé «la plus grande vente de charité du monde» est toujours consacré è la modernisation des installations chirurgicales et médicales de l'hôpital de Beaune. La tradition se perpétue...

Le vignoble de la côte de Nuits, qui s'étend de Dijon à Beaune, est implanté sur des coteaux formés de calcaires riches en fossiles. Elle produit presque uniquement de très grands vins rouges avec le pinot noir comme cépage. Ses crus les plus fameux sont le chambertin, le musigny, le romanée-conti et le clos-vougeot.

Château du Clos de Vougeot

Le château du Clos de Vougeot est magnifiquement situé au cœur du vignoble; entouré de vignes, il apparaît, à juste titre, sur toutes les publicités de la région. Son histoire est aussi intéressante. Au 12e siècle, ce vignoble est planté par les moines de l'Abbaye de Citeaux sise à quelques kilomètres de là (la première abbaye fondée par St-Bernard, le fondateur de Fontenay). Ils l'exploiteront pendant 600 ans, jusqu'à la révolution... L'État en prendra charge ensuite pour en confier l'exploitation en 1944 à l'Ordre des Chevaliers du Tastevin, une confrérie qui vise en premier lieu à faire connaître les vins bourguignons mais qui est aussi impliquée dans l'art et la culture. Des chapitres de l'Ordre sont maintenant actifs à travers le monde et, à chaque année, au château, le grand conseil de la confrérie décerne une mention aux meilleurs vins bourguignons, une très haute distinction dans le monde viticole.

Quant à Nuits-St-Georges, c'est une jolie petite ville dont le vignoble date de l'an 1000. Bien qu'aucun de ses vins ne soit classé «grand cru», ils sont mondialement connus. Cette célébrité remonte à Louis XIV; son médecin ayant conseillé au Roi-Soleil de prendre à chaque repas quelques verres de Nuits, à titre de remède, toute la cour voulut en goûter.

La côte de Beaune qui s'étend d'Aloxe Corton à Santenay produit d'abord de grands vins blancs mais aussi d'excellents vins rouges. Avec ses 28 millions de bouteilles annuellement, c'est le double de la production de la côte de Nuits. C'est donc un plaisir que de se balader à travers ces villages et ces vignobles aux noms évocateurs : Pommard, Corton, Volnay, Meurseault, Montrachet etc.

Château d'Aloxe Corton

Ici, les vendanges sont terminées mais l'activité y est encore importante; les hauts tracteurs qui semblent flotter sur les vignes effectuent des travaux sur le terrain et remplacent quelques plants de vignes. Les tas de marc (résidu du pressage) déchargés ici et là en bordure des champs, où ils seront probablement étendus comme engrais, embaument l'air d'une odeur de raisin fermenté qui n'est pas désagréable du tout. Nos papilles frétillent, elles attendent la dégustation qui ne saurait tarder, impossible de résister mais il faut attendre à la maison, pas question de boire et de faire de la moto, nous sommes sages...

Le paysage est sublime! Des vignes qui se colorent des teintes de l'automne et qui dévalent les coteaux en rangs bien alignés, des châteaux, témoins d'une autre époque, qui surgissent ici et là, des toits de tuiles vernissées, des petites routes à travers les vignes, la Bourgogne est à son meilleur et elle nous en met plein la vue!

Église abbatiale St-Philibert à Tournus

Dernière étape de notre visite en Bourgogne, c'est la ville de Tournus, célèbre pour abriter l'un des plus grands monuments romans de France, l'église abbatiale Saint-Philibert. Plusieurs bâtiments de l'ancien monastère sont parvenus jusqu'à nous tels le cloître, la salle capitulaire, le cellier, le réfectoire etc. La crypte de l'abbatiale abrite le sarcophage de St-Valérien et celui de St-Philibert. La ville de Tournus est aussi remplie d'histoire mais malheureusement un orage y a interrompu notre marche. Cette pluie fut d'ailleurs annonciatrice  des grisailles de l'automne, Les températures ont chuté dramatiquement et nous avons essuyé une semaine de pluie. Il nous restait encore de beaux coins à visiter dans la région tels Macon, Cluny et Lyon et de belles balades en moto dans la campagne bourguignonne riche en histoire et en églises romanes mais il a fallu y renoncer, dame nature ne nous le permettant pas. Nous avons patienté une semaine puis nous avons filé vers le sud et la Méditerranée où le soleil nous attendait près de Barcelone. Viva Espana !

En Champagne-Ardenne, de Reims à Troyes

17 au 25 septembre 2014

De retour en France, le camping-car a besoin de nouvelles chaussures et de nouveaux freins; c'est tout de même 48 000 km que nous avons parcourus depuis 3 ans (sans compter les 10 000 km de la moto en 2 ans). Et aussi faire faire un contrôle technique annuel exigé par l'administration française. Une fois ces mises à niveau effectuées, nous sommes prêts pour découvrir un autre coin de la France, la Champagne-Ardenne. Excellent «timing», c'est le temps des vendanges en Champagne et l'automne est magnifique, chaud et ensoleillé, superbe!

Première étape, site incontournable, la ville sacrée, Reims. Ville sacrée car c'est dans la cathédrale de Reims que furent sacrés la plupart des rois de France, 25 en fait, pendant dix siècles, de 816 à 1825. Cette tradition origine du fait que c'est à Reims que Saint-Remi, évêque de Reims, a converti et baptisé Clovis, le roi des Francs, en l'an 496. Mais nous reviendrons à Saint-Remi (oui, Remi sans accent), parlons d'abord de la Cathédrale Notre-Dame.

Cathédrale de Reims

Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, la Cathédrale Notre-Dame de Reims est renommée dans le monde entier pour son élégance et son harmonie. Achevée au 14e siècle, elle est considérée comme l'une des réalisations majeures de l'art gothique en France, tant pour son architecture que pour sa statuaire qui ne compte pas moins de 2 303 statues! L'emblème de la ville de Reims est d'ailleurs un ange au sourire énigmatique qui orne le portail gauche de la cathédrale.

Reims, ville des sacres des rois de France
La façade de la cathédrale étant en rénovation lors de notre passage, nous n'avons pas pu apprécier à sa juste valeur la Galerie des rois avec au centre le baptême de Clovis ainsi que la statue de Notre-Dame, à la place d'honneur, en haut du portail principal. Toutefois, une visite au Palais du Tau, qui est en fait le Musée de la Cathédrale, compense un peu en nous présentant les versions originales des plus belles statues de la cathédrale!

Une intéressante exposition nous présente aussi le déroulement des cérémonies des sacres des rois de France. Cette cérémonie religieuse, officiée par l'archevêque de Reims ou parfois même par le pape, conférait au souverain un caractère sacré, presque divin. Pour la petite histoire, l'onction du sacre était donnée avec l'huile de la «Sainte Ampoule». Cette ampoule, conservée à Reims, contient une huile miraculeuse qui, selon la légende, aurait été apportée par une colombe descendue du ciel le jour du baptême de Clovis par l'évêque Remi. Cette ampoule est considérée comme une grande relique et l'onction faite avec cette huile miraculeuse donnait un très grand prestige aux rois de France.

La cathédrale de Reims a été qualifiée de «cathédrale martyre» car elle fut la cible acharnée des bombardements allemands de 1914-1918 qui espéraient ainsi miner le moral des troupes françaises. Au total, 300 obus ont frappé la cathédrale. De nombreuses sculptures et vitraux sont réduits en cendres de même que le toit, les combles et la charpente. À la fin de la guerre, seule la structure avait résisté et la ville, quant à elle, est détruite à plus de 60%. Il faudra 20 ans de restauration avant qu'elle puisse être consacrée de nouveau. La reconstruction a été permise notamment grâce à des dons américains dont les fondations Carnegie et Rockefeller.

Enfin, soulignons qu'à la seconde Guerre mondiale, c'est à Reims que sera signée la reddition de l'armée allemande le 7 mai 1945 après que les américains et le général Eisenhower aient libéré la ville. Le lendemain, à l'initiative de l'Union soviétique, une seconde signature a lieu à Berlin, c'est alors la capitulation sans condition du régime allemand.

Basilique Saint-Remi

Après la cathédrale, la Basilique Saint-Remi est le monument religieux le plus important de la ville. Cette église, dont les premières fondations remontent à l'an mil, abrite les reliques de l'évêque de Reims, Saint Remi. De style roman, elle nous a encore plus impressionnés que la cathédrale. Le tombeau du saint attire depuis des siècles de nombreux pèlerins et il y règne une ambiance bien particulière. Moins envahie par les touristes que la cathédrale, elle est très sombre mais elle révèle toute sa splendeur au fur et à mesure que les visiteurs font un don de 2 euros qui active le système d'éclairage, à chacun son tour!

Les caves de Pommery dans des crayères

Nos dévotions faites, on peut maintenant envisager profiter des plaisirs terrestres et ici, c'est le champagne, bien sûr! Nous débutons par une visite des caves de Pommery, le second plus important acteur dans le domaine du champagne. Les caves ouvertes au public sont situées en plein centre ville de Reims dans des crayères creusées au temps des romains. Le sous-sol champenois étant largement constitué de calcaire de craie, c'est un sol facile à creuser et il s'avère parfait pour les caves de champagne et la culture des champignons. Les vignerons n'ont eu qu'à creuser des tunnels pour relier entre elles les nombreuses crayères déjà existantes. À elles seules, les tunnels et caves de Pommery mis bout à bout font 18 km de long!

Les installations de Pommery à Reims

Et savez-vous à qui on attribue l'invention des bulles de champagne? Allez, un petit effort, vous connaissez son nom, il est célèbre dans le monde du champagne! Dom Pérignon bien sûr! Un moine bénédictin qui, selon la légende, alors qu'il était à la recherche d'une idée plus esthétique pour boucher les bouteilles aurait eu l'idée de couler de la cire d'abeille dans les goulots leur assurant ainsi une parfaite herméticité. À cette époque, à la fin du 17e siècle, les bouteilles étaient bouchées avec des chevilles de bois garnies d'étoupe imbibée d'huile. Évidemment, après quelques semaines, la plupart des bouteilles auraient explosé, incapables de résister à la pression. Notre moine venait ainsi de découvrir la fermentation en bouteille et les bulles champenoises. Le moine aurait aussi inventé le bouchon de liège pour remplacer le bouchon de bois maintenu au goulot par une ficelle de chanvre, puis la flûte à champagne. Vraie ou fausse, cette légende? On ne sait pas mais nous, on l'aime bien!

C'est le temps des vendanges en Champagne !

De belles balades en moto à travers les vignobles en pleine vendange aux alentours de Reims nous ont permis de découvrir cette belle région que nous ne connaissions pas. Ça sent le vin partout! Sur les routes, les tracteurs s'affairent à transporter les caisses de raisin vers les pressoirs alors que dans les vignobles, les vendangeurs sont à l'oeuvre. C'est un travail d'équipe; en Champagne, les vendanges sont faites manuellement. Le coupeur coupe les grappes avec un petit sécateur à main, les dépose dans une caisse de plastique et le porteur ramasse les caisses au fur et à mesure qu'elles sont pleines, en fournit une vide au coupeur et transporte la pleine au bout du rang où un tracteur passera les ramasser. Plusieurs équipes avancent ainsi parallèlement dans les rangs de vigne. C'est un travail très physique, un bon vendageur peut récolter de 800 à 1000 kg de raisin par jour. Les raisins transportés au pressoir sont pesés et aussitôt pressés pour en extraire le jus. C'est un réel plaisir que de se balader à travers les vignes et d'observer ce ballet incessant. Ici et là, en bordure des routes, on remarque de nombreux campements de travailleurs saisonniers, des roulottes, des camping-cars et même des tentes!

Un «faux» de Verzy, un hêtre tortillard

À la sortie de Reims, nous faisons un arrêt à la forêt de Verzy pour aller voir les hêtres tortillards qu'on appelle ici, les «Faux de Verzy», le mot «fau» désignant le hêtre en ancien français. Probablement dû à une mutation génétique, ces hêtres qui ne dépassent pas 4 ou 5 mètres de haut ont des branches tordues qui se soudent parfois entre elles et qui s'étalent en forme de parasol vers le sol; on dirait un igloo végétal. Quelques 1000 faux croissent à Verzy, c'est la plus grande concentration mondiale de faux et leur présence y est attestée depuis le 6e siècle. Une abbaye de moines aurait préservé ces arbres et les aurait même multipliés par marcottage ce qui explique leur nombre et leur survie. Seuls deux autres sites de faux existent en Europe, l'un en Allemagne et l'autre en Suède mais ils comptent beaucoup moins de spécimens. L'origine des Faux demeure un mystère non encore élucidé mais, chose certaine, ils sont très jolis et souhaitons qu'ils soient préservés, la nature nous fait encore un beau cadeau!

Collégiale Notre-Dame-en-Vaux
à Chalons-en-Champagne
Après Reims, nous poursuivons vers le sud avec un arrêt à Chalons-en-Champagne, la capitale du département de la Marne et de la région Champagne-Ardenne. Bizarre de réaliser que ce n'est pas Reims qui est la capitale de la région mais plutôt Chalons. Il semble qu'elle soit devenue capitale par la volonté des révolutionnaires de 1789 d'effacer l'importance historique de Reims, la ville des sacres des rois, le dernier en liste ayant été guillotiné par les révolutionnaires...

Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant à Chalons-en-Champagne de voir érigée, en plein centre ville, une magnifique statue de Jean Talon, l'intendant de la Nouvelle-France sous Louis XIV. Jean Talon est en effet un enfant de Chalons, il y est né en 1626 et y est aussi inhumé; des restes de sa pierre tombale sont d'ailleurs bien visibles dans la Collégiale.

Chalons-en-Champagne est aussi réputée pour accueillir deux sites du Patrimoine mondial de l'Unesco, la Collégiale Notre-Dame-en-Vaux et la Basilique Notre-Dame à l'Épine. Oui, encore des églises, ça paraît que nous sommes revenus en France! Nous avions eu congé d'églises en Scandinavie cet été mais c'est reparti de plus belle! Les deux sites en valent la peine, leur inscription à l'Unesco en témoigne. Notre-Dame-en-Vaux, érigée en 1217, est un grand monument gothique caractérisé par ses deux flèches couvertes de plomb.

Basilique Notre-Dame-à-l'Épine

La Basilique Notre-Dame à l'Épine quant à elle date du début du 16e siècle. Elle tire son nom de la dévotion portée à une statue de la Vierge qui aurait été trouvée par des bergers au Moyen Âge dans un buisson d'épines enflammé. De style gothique, elle est très finement sculptée et est décorée de 123 gargouilles représentant le bien et le mal.

Église à pans de bois à Outines au pays du Der

Prochaine étape en Champagne, Ste-Marie-du-Lac-Nuisement pour y voir (encore!) des églises mais celles-ci, bien particulières, les églises à pans de bois du pays du Der, une curiosité architecturale unique en France. Construites au cours des 16e et 17e siècles, ces églises à pans de bois et torchis sont typique de cette régions recouverte de marécage et de forêt. La pierre manquant pour la construction, on utilise pour les églises, comme pour les maisons, des structures en chêne dont les vides sont remplis de torchis, un béton naturel fait d'eau, d'argile et de fibres (paille, foin, crin de cheval, chaux etc). Des lattes de bois recouvrent parfois les façades les plus exposées aux vents et à la pluie pour les protéger. Les villages autour du lac du Der Chantecoq ont jalousement conservé ce patrimoine architectural et c'est un bonheur que d'en faire la tournée en moto par une belle journée d'automne.

Nombreuses maisons à colombages à Troyes

Dernière étape de notre tournée champenoise, la ville de Troyes, où coule la Seine, dans le département de l'Aube, tout au sud de la région Champagne-Ardenne. Une ville magnifique, une agréable surprise! Malgré les guerres et les incendies, Troyes a pu conserver un riche patrimoine architectural et urbain, plusieurs maisons à pans de bois peuplant le quartier historique de Troyes. La célèbre et très étroite ruelle des Chats donne une bonne idée des rues médiévales se rétrécissant en hauteur. Cette ruelle devrait son nom au fait qu'un chat pourrait, d'un seul bond, passer d'un côté à l'autre de la rue, les maisons se touchant presque au niveau des toits.

L'Hôtel de ville, la Basilique St-Urbain et la Cathédrale St-Pierre et St-Paul ne sont que quelques uns des monuments de Troyes. Cette dernière a connu une construction longue et mouvementée qui a duré du début du 13e siècle jusqu'au 17e siècle. Les vitraux originaux datant des 12e, 13e et 14e siècles sont toujours en place; ils n'ont pas soufferts des deux grandes guerres ayant été démontés et mis en sécurité durant ces conflits, sage décision...

Réal est tombé en amour avec...  la ville de Troyes !

Troyes est une ville très agréable à visiter. De nombreuses rues piétonnières, partout des édifices historiques et des œuvres d'art, telles ces sculptures posées au milieu de la Seine ou ce grand cœur qui orne une fontaine.

Et puis, un autre petit clin d'oeil aux cousins québécois, Troyes souligne que c'est ici que Marguerite Bourgeoys est née en 1620. Vos cours d'histoire du Canada vous ont sûrement enseigné qu'elle fonda à Montréal une communauté religieuse dédiée à l'éducation, les sœurs de la Congrégation Notre-Dame et qu'elle fut surnommée « Mère de la colonie » à cause de son travail d'institutrice et de son accueil des «Filles du Roi» dont elles s'occupaient jusqu'à leur mariage. Elle fut canonisée en 1982 par Jean-Paul II. Son premier miracle la concerna directement; alors âgée de 80 ans, elle demanda à Dieu d'échanger sa vie contre celle d'une jeune sœur à l'article de la mort, voeu qui fut exaucé. Le lendemain, la jeune sœur était miraculeusement guérie et Marguerite prise d'une fièvre qui la terrassa 12 jours plus tard.

Sur une note plus contemporaine, Troyes compte sur une industrie du textile très florissante. La commune est la capitale européenne des magasins d'usine grâce à trois grands centres commerciaux qui regroupent de nombreux magasins de type «outlet». Nous avons pu y faire de bonnes affaires et renouveler un peu notre garde-robe...

Troyes, voilà qui termine bien cette dizaine de jours passés en Champagne, une région qui gagnerait à être plus connue et visitée, vous y serez les bienvenus, nous en sommes certains!